Peut-on vraiment exceller dans plusieurs domaines en même temps ? | Pauline Laigneau
Le thème de "Comment trouver sa voie quand on n'a pas de passion" abordé la semaine dernière dans un article ainsi que sur les réseaux sociaux, a suscité de nombreuses réactions. Certains, à juste titre, m'ont fait remarquer qu'il n'est pas impératif de trouver SA voie mais SES voies. Si une partie d'entre nous aime se spécialiser dans un domaine, d'autres préfèrent la polyvalence.La question que l'on peut se poser est : peut-on vraiment exceller dans plusieurs voies simultanément ?Dans cet article, je vais surtout m'intéresser aux facteurs clés du succès des personnes qui excellent dans différentes activités en même temps.
L'excellence, une notion personnelle
Tout d'abord j'aimerais vous dire que la notion d'excellence est très personnelle pour moi. Je crois, en effet, que c'est à chacun de la définir selon ses propres termes, en fonction de ses aptitudes. Je ne crois pas que l'excellence puisse se mesurer ni à l'aune de l'argent gagné, ni à celle de la popularité. De nombreux artistes tels que Van Gogh sont morts pauvres et sans être reconnus par le grand public de leur vivant. Ou encore des passionnés scientifiques tels que Nikola Tesla. Étaient-ils pour autant moins excellents dans leur domaine ? Evidemment que non.
Ainsi, l'excellence selon moi c'est donner le meilleur des résultats avec ce que l'on a.
Pour ma part, j'ai toujours voulu exceller d'une manière ou d'une autre. Petite je voulais devenir présidente du monde ! :D Mais je n'ai jamais voulu gagner contre quelqu'un si ce n'est par rapport à moi-même.Ainsi, si l'on veut exceller selon moi, il faut définir des objectifs sur lesquels on a un pouvoir. Admettons que vous voulez devenir podcasteur. Vous n'avez aucune emprise sur le nombre d'écoutes, mais vous avez la mainmise sur la qualité de vos podcasts et la fréquence de ceux-ci. Votre excellence ne réside donc pas dans le nombre d'abonnés mais dans la qualité de ce que vous proposez. Bien sûr, il n'est pas exclu que le nombre d'abonnés suive ;) C’est même en général le cas !
Exceller dans des domaines différents : mythe ou réalité ?
Aujourd'hui certains d'entre nous, qui travaillent dans plusieurs domaines, ont peur de communiquer sur leur différentes activités. Ils ont peur de ne pas être crédibles dans l'un ou l'autre poste, ou encore de manquer de cohérence face à leur interlocuteur. Comme si, on ne peut être vraiment bon que si l'on se dédie à un domaine entièrement.Sachez que cette notion ou la spécialisation est relativement nouvelle. Quelques siècles en arrière, c'est la polyvalence qui était très prisée. On cherchait à devenir un génie universel. Ainsi Léonard de Vinci cumulait les occupations. Il était peintre mais aussi botaniste, poète, ingénieur, inventeur, architecte, musicien et j'en passe. Cette polyvalence n'était nullement considérée comme un frein à son excellence mais au contraire, c'est ce qui en faisait un être d'exception.Spinoza n'était pas seulement philosophe. En fait, il gagnait sa vie en tant que polisseur de lentilles optiques pour lunettes et microscopes. Et si vous croisiez un de ses contemporains, il y a plus de chances qu'il vous parle de l'exceptionnel savoir-faire de Spinoza dans l'optique que de ses écrits philosophiques !De nos jours, il existe encore des personnes qui cumulent avec succès plusieurs occupations. Et j'ai eu la chance d'en interviewer quelques-uns. Parmi eux, Philippe Labro qui est écrivain, journaliste, parolier pour Johnny Hallyday, directeur d'une chaîne radio. Vous pouvez retrouver l'épisode sur Le Gratin ou bien en vidéo sur YouTube.Ces exemples sont là pour nous rassurer. Oui, c'est possible d'avoir plusieurs passions et de s'épanouir pleinement dans chacune d'elles. En fait, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière d'appréhender l'existence.
Vous pouvez être aussi bien monomaniaque que polyvalent, l'important c'est d'être vous-même :)
Si la spécialisation présente des avantages évidents que nous arrivons facilement à percevoir, la polyvalence a elle aussi ses bénéfices.
La polyvalence au service de l'épanouissement
Poursuivre plusieurs passions ou vocations présente un avantage de taille : cela revient à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Cela permet ainsi d'enlever une certaine pression qui peut être contre-productive.Un exemple qui illustre très bien cela c'est celui d'Alexandra Recchia qui est championne du monde de karaté mais aussi avocate.Dans son passage sur le Gratin elle expliquait que son métier d'avocate l'aidait en fait dans sa carrière sportive. Cela lui donnait une échappatoire lui permettant de s'entraîner avec moins de pression.Lorsqu'à défaut de trouver un cabinet assez souple pour combiner sport et droit, elle s'est retrouvée à se concentrer seulement sur le karaté, elle a vu son équilibre personnel se rompre. Paradoxalement, alors qu'elle avait le loisir de s'y consacrer entièrement, sa performance sportive a diminué.
Pour certains, combiner deux ou plusieurs vocations leur permet de jongler habilement de manière à toujours garder une fraîcheur et énergie dans chacune de leurs occupations.
Dans son livre sur la créativité "Comme par magie", Elizabeth Gilbert conseille aux artistes de ne surtout pas attendre de leur art qu'il leur paye leurs factures. Cela constituerait un bien trop grand poids qui inhiberait la créativité selon elle. Je crois que ce conseil s'applique aussi à tout nouveau domaine que l’on veut apprivoiser.Lorsque j'ai commencé le Gratin par exemple, le podcast n'était pas du tout monétisé. Je ne me suis fixée aucun objectif chiffré. Tout ce que je voulais c'était proposer des conversations intéressantes avec des gens passionnants, que j'aurais moi-même aimé écouter pendant mes entraînements de running. Gemmyo, ma marque de joaillerie, me permettait déjà d'avoir un revenu.Je pense que cette absence de pression a joué pour beaucoup dans la qualité des interviews. C'est ainsi qu'un équilibre s'est créé entre deux passions.
Réussir à jongler avec succès
Lorsqu'on a plusieurs passions ou vocations, le plus judicieux selon moi est de prévoir pour chacun un temps à allouer afin de créer un certain équilibre journalier ou hebdomadaire. Lorsque l'on ne prévoit pas de créneau pour une activité, il y a beaucoup de chances pour que celle-ci finisse par ne pas se faire. Même lorsqu'il s'agit d'une activité qui nous passionne.Dans ce sens, se donner des dates butoir pour chacune des activités que l'on entreprend est primordial. C'est notamment ce que Philippe Labro disait sur le Gratin. Bien qu'il ne se hâte jamais dans l'écriture de ses livres, il veille, comme dans ses activités journalistiques, à toujours avoir une deadline qui le motive à avancer.Un autre conseil que je peux vous donner et qui vient de mon expérience personnelle, est de s'entourer de personnes partageant la même vocation que vous. Si en plus de votre travail, la philosophie vous passionne, allez à des conférences ou des cafés philos - dès que la situation le permettra de nouveau - faire la connaissance d'autres personnes poursuivant la même voie. Cela vous permettra non seulement de rencontrer des personnes avec le même centre d’intérêt que vous, mais le fait d'échanger avec les autres, vous donnera de l'élan et de l'inspiration dans vos tribulations philosophiques :)Si vous avez la possibilité de le faire, pourquoi pas former ou intégrer une équipe pour chacune de vos passions ? Lancer une association ? Créer un podcast ? Lancer un blog ? Cela engendrera une responsabilité envers d'autres personnes (vos collègues ou vos followers) et créera une émulation qui vous poussera à avancer plus vite pour atteindre l'excellence.J'espère que cet article vous a plu. Surtout gardez en tête qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière d'appréhender l'excellence dans ce que l'on fait. Que l'on préfère se concentrer sur une seule activité ou plusieurs, l'important est de s'y épanouir pleinement.Et vous, êtes-vous plutôt polyvalent ou spécialiste ?A bientôt,Pauline